J’ai découvert tous les secrets pour se sentir bien en lisant le « Elle » du 5 avril 2019. Ecouter, relativiser, régresser, voir les autres en couleurs, avoir un plan B …. Que de mots et d’actions qui nous donnent de la bonne énergie chaque jour. Si on philosophait! Je pense donc je souris ? La jeune philosophe Marie Robert (son compte insta @philosophyissexy), auteure de «Descartes pour les jours de doute» détaille, penseur par penseur (Rousseau, Descartes…), leurs solutions pour résoudre nos tracas quotidiens ou faire face aux vicissitudes de l’existence.
Pour notre plus grand bonheur
Paresser, révasser, alléger ses pensées… les chemins qui mènent à la félicité sont pavés de douces intentions. Et les ouvrages pour y arriver fourmillent. Nous les avons testés.
Par Julia Dion et Alix Girod De l’Ain
ÉCOUTER
Encore des conseils de coach en méditation? Non ! Avec « Écoute » (éd. Le Courrier du livre), le journaliste et réalisateur Stéphane Haskell, dont le yoga a sauvé la vie il y a quelques années (cloué dans un fauteuil par une maladie due au stress, il a retrouvé l’usage de ses jambes après une quête initiatique à travers le monde), explique comment le son peut nous faire du bien. Pas besoin de se contorsionner en faisant des « om » dans une salle chauffée à 42 °C. Ecouter, écouter vraiment les vibrations sonores, bruits et musiques qui nous entourent aide à se recentrer, voire à guérir de ses angoisses. C’est scientifiquement prouvé, assure-t-il. Convaincant. (Et pas fatigant!)
RELATIVISER
«Je m’en tape et i’assume» … Le programme très« cash » de la journaliste Alexandra Reinwarth (éd. Marabout) a été vendu à plus 500 000 exemplaires en Allemagne et on comprend pourquoi. Halte aux injonctions contradictoires dont on nous bombarde, halte aux conseils qui ne servent qu’ à nous culpabiliser, halte à la pollution mentale ! Et pour se libérer de ces amis, enfants, collègues, amoureux qui grignotent notre énergie, la meilleure façon, c’est de pratiquer le tri sélectif: déterminer ce qui nous plombe, ne plus se soucier de l’avis des autres et assumer ses décisions. Voilà le triptyque gagnant d’une méthode joyeusement badass. Après avoir lu ce livre, vous ne regarderez plus votre copine éternellement geignarde ni votre belle-mère à principes de la même façon. Et ce sera tant mieux.
RÉGRESSER
Une proposition poétique, idéale pour toutes les nostalgiques du «vert paradis des amours enfantines» – ce qui n’est pas le cas de tout le monde: « 365 jours pour retrouver son âme d’enfant », de Christie Vanbremeersch (éd. Larousse). Commente’ était avant l’ âge des responsabilités, des choix de vie, lorsque tout était encore à faire, à rêver? Et s’il était possible de retrouver cette légèreté-là? Apprendre un poème par semaine, partir nez au vent à la découverte d’un nouveau coin, écrire une lettre au Père Noël, marcher en évitant les joints des pavés, faire ses choix« à la plouf », rédiger à la main son journal en se lichant de l’orthographe, pratiquer la pensée magique et manger des gâteaux : la voie royale vers la joie ?
RECEVOIR CHEZ SOI
Le bonheur est dans le lien ! Et accueillir des gens chez soi est le plus sûr moyen de l’entretenir, même si on n’a ni les moyens, ni le talent, ni surtout le temps de passer des heures en cuisine. C’est ce qu’affirme Nadine Levy Redzepi, lemme du célèbre chef danois René Redzepi et auteure de« Savourer, le plaisir de cuisiner » (éd. Marabout), un recueil de ses recettes familiales. On l’imaginerait instagrammeuse snob et pointue, elle se révèle bonne vivante et terre à terre. Avec cette maman de trois fillettes, tout devient facile et gourmand, mais jamais ennuyeux. Le secret d’un bon poulet rôti? Le beurre ! Et surtout, une lois balancé au four, on n’y touche plus. Impossible de ne pas céder à son énergie contagieuse et décomplexée : non seulement recevoir des compliments sur sa cuisine ne fait pas du bien qu’aux femmes nées sous de Gaulle, mais c’est un excellent booster de confiance en soi ! Et puis le beurre, c’est bon, non ?
NE PLUS SE SABORDER
Les conseils d’empowerment d’une boxeuse professionnelle: rien de plus radical pour se secouer vraiment! « Fight. Contre l’autosabotage, gagnez le combat ! », de Hazel Gale (éd. Belfond), nous propose rien moins que venir à bout de nos blocages et de notre fatigue chronique. Lorsqu’elle a découvert l’hypnothérapie cognitive il y a dix ans, la vie de cette championne du monde de kick boxing a changé. Le combat intérieur: tel serait son nouveau défi. En matière d’autosabotage, les femmes sont souvent super fortes : sentiment de ne pas être à la hauteur, dépendance au regard des autres, voire phobies et addictions … la liste est longue mais des solutions existent, expliquées avec clarté et méthode dans un livre dense et percutant comme un direct au cerveau.
VOIR LES AUTRES EN COULEUR
Fermez les yeux et donnez une couleur aux gens qui vous embêtent. Ils sont gris, n’est-ce pas? Et ceux que vous aimez? Blancs avec comme un halo tout autour? Eh bien, vous avez tort. En réalité, chaque individu peut être rouge, jaune, vert ou bleu. Via un prisme d’analyse psychologique a priori zinzin mais au final très convaincant, l’expert en communication suédois Thomas Erikson a déjà conquis plus d’un million de lecteurs avec le livre « Tous des idiots?», qui vient de sortir en France (éd. First). On se prend vite au jeu, c’est une pure joie de classer ses proches afin de mieux les comprendre (mon patron est rouge, normal que son énergie m’épuise, mon mari est vert avec une pointe de bleu, c’est pour ça qu’il met des semaines à prendre une décision), mais, surtout, on en apprend beaucoup sur soi-même. Tenez, depuis qu’elle a découvert qu’elle est une jaune pure et dure (c’est-à-dire extravertie, spontanée, ayant besoin d’attention, etc.), l’auteure de ces lignes travaille activement à acquérir une pointe de vert (la couleur de la patience, la persévérance, l’empathie, etc.). Tellement plus encourageant que de se découvrir névrosée à tendance procrastineuse !
PARESSER
L’Anglais Tom Hodgkinson, auteur du best-seller « L’Art d’être oisif dans un monde de dingue» (éd. Les Liens qui libèrent), a élevé la flemmardise au rang d’art de vivre. La paresse selon lui est parée de toutes les vertus: elle permet de somnoler en mettant ses idées au clair, de reconquérir son temps libre pour faire de la place à de purs moments de plaisir- comme déclamer de la poésie – ou encore de « travailler juste ce qu’il faut ». Une ode à la flemme reprise en chœur par Jennifer McCartney Palmer, une Canadienne vivant à Brooklyn, qui après avoir flatté les désorganisés (« De la joie d’être bordélique», éd. Mazarine) – une autre piste pour aller mieux?- nous promet, dans« De la joie d’être paresseux » (éd. Mazarine, en librairie le 22 mai), bonheur et félicité si l’on « ne fait que le strict nécessaire » tout en tenant à distance« ceux qui tentent d’en faire toujours plus ». Végéter sur son canapé, laisser son appartement en vrac, boire un verre de trop, zapper ses rendez-vous … Etre paresseux est à la portée de n’importe qui ! Avec un mantra : « Etre humain est déjà bien assez compliqué, inutile de se mettre la pression pour l’être avec talent. » What else ?
AVOIR UN PLAN B
Les alternatives, ça allège l’esprit et ça rassure. Laurence Bourgeois, experte en ressources humaines, nous l’affirme dans « Les gens heureux ont toujours un plan B »(éd.Larousse). Envisager une« solution de repli» est salvateur et fait retomber la pression d’un coup: « C’est une gymnastique de l’esprit qui permet de s’entraîner à réagir si jamais le projet sur lequel on planche depuis des mois tombe à l’eau ou si un rendez-vous amoureux tourne au fiasco ! C’est être à l’affût de toutes les possibilités qui s’offrent à nous et que l’on ignore trop souvent, obnubilé par la seule voie que l’on croit possible.» Cette spécialiste en bien-être au travail conseille de garder en tête un horizon qui fait rêver: « L’idée est de prévoir un ou deux grands plans B – faire un tour du monde, prendre un congé sabbatique en famille, écrire un roman, ouvrir une maison d’hôte … Quelque chose que l’on garde dans le coin de sa tête pour plus tard et qu’on peaufine petit à petit tous les jours.» Une issue de secours, en somme.
ADOPTER LE BON SENS DE NOS ANCÊTRES
C’est ce que propose le professeur de psychiatrie Michel Le joyeux (un nom en forme de promesse !) dans son dernier livre, « La Médecine du bon sens» (éd.JC Lattès). Que nous enseignent les hommes préhistoriques? Que la vie est faite d’imprévus, qu’il ne sert à rien d’adopter des régimes frustrants (trop se priver de calories est dangereux car le cerveau a besoin de gras pour bien se développer!) et que mastiquer aide à se sentir bien … Que des bonnes nouvelles !
DEVENIR CHAMANE
Si l’on n’est pas encore prête à se métamorphoser en femme-aigle, on peut déjà s’inspirer de l’itinéraire spirituel de Sandra Noirtin qui relate, dans «Je suis devenue chamane» (éd. Larousse, en librairie le 17 avril), sa transformation progressive en un être plus sage et plus connecté à l’univers. Le terme« chaman» signifiant« celui qui sait» ou« celui qui bondit, s’agite et danse», on peut commencer par appliquer la seconde définition pour libérer ses bonnes énergies !
RETIRER SES LUNETTES DÉFORMANTES
Selon François Le lord, psychiatre résolument optimiste, auteur de « Hector et les Lunettes roses pour aimer la vie» (éd. Odile Jacob), nous voyons tout avec un prisme, comme un filtre entre nous et la réalité qui serait le fruit de notre éducation, de notre histoire sentimentale, de nos émotions. Afin de changer la perception parfois morose que l’on a des événements, de ce qui nous arrive, il suffirait de prendre conscience de nos biais . Exemple : avec vos proches, défaites-vous de l’effet lunettes à rayons X, celles qui vous font croire que vous devinez les pensées de l’autre, ses sentiments, ses idées à partir d’indices – « Il ne m’a pas rappelée: il ne m’aime plus», « Il invite toujours ses amis à la maison : il s’ennuie avec moi», « Elle a refusé mon projet: elle me trouve stupide», c’est faux ! Cessez d’extrapoler des hypothèses qui, en général, sont invérifiables et, le plus souvent, fausses.
REVENIR À LA TERRE
Faire pousser des plantes, les regarder grandir, c’est « prendre conscience du rythme de la vie » selon Martine Laffon, docteure en philosophie et auteure de« Cultiver son petit jardin intérieur» (éd. Flammarion) qui retrace l’histoire des jardins, des lieux clos du Moyen Age aux merveilles intérieures des palais arabo-andalous, et invite à devenir soi-même « jardin » en cultivant « patience, humilité, ténacité et goût de l’harmonie ». Cultiver son jardin, loin du bruit du monde, un chouette programme pour retrouver son énergie naturelle.
PHILOSOPHER !
Je pense donc je souris ? La jeune philosophe Marie Robert (sur lnstagram :@philosophyissexy), auteure de «Kant tu ne sais plus quoi faire, il reste la philo» (éd. Flammarion/Versilio), récidive avec «Descartes pour les jours de doute» (éd. Flammarion/Versilio) dans lequel elle détaille, penseur par penseur (Rousseau, Montaigne, Descartes … ), leurs solutions pour résoudre nos tracas quotidiens ou faire face aux vicissitudes de l’existence. Simone Weil nous enjoint à ne pas avoir peur d’affronter la réalité pour relever la tête, tandis que Paul Valéry conseille d’avoir de l’audace en «mettant de côté son savoir pour passer à l’action et en osant faire le tri dans ses connaissances pour ne conserver que celles qui nous motivent». Citons-le pour conclure: «Le vent se lève ! Il faut tenter de vivre !»